À l'intention des compositeurs

Instrument électronique monodique inventé en 1928 par Maurice Martenot (1898-1980). Sa tessiture de 7 octaves se divise en 2 positions : grave et aiguë. Chaque position donne accès à six octaves. On doit actionner une manette devant le clavier pour passer d’une position à l’autre.

Position grave
Position grave
Position aiguë
Position aiguë

La notation peut se faire sur une seule portée avec changements de clés si nécessaires (clé de sol ou de fa) ou encore sur deux portées au besoin.

Il présente 2 modes de jeu : le jeu au clavier et le jeu au ruban. Disons généralement que la main droite détermine les hauteurs, soit au clavier, soit au ruban. La main gauche, elle, contrôle l’intensité, les attaques et les articulations à la touche d’intensité.

Le clavier
Le clavier (Photo Estelle Lemire)

Le clavier peut être virtuose. On utilise la main droite au clavier combinée à la touche d’intensité à la main gauche; ou, les deux mains combinées à la pédale d’intensité. Le clavier étant mobile, il permet un vibrato expressif.

On détermine le jeu clavier ou ruban en actionnant un bouton qui permet de passer de l’un à l’autre. On utilise un seul jeu à la fois. Il est possible de passer du clavier au ruban (et vice-versa) rapidement en gardant le ruban au doigt quand on joue le clavier. Par contre il peut parfois être encombrant lors de traits difficiles au clavier. On préfère utiliser chaque jeu pour une section ou même un mouvement.

La bague
La bague (Photo Estelle Lemire)

Le ruban ou jeu à la bague se joue à la main droite combiné généralement à la touche d’intensité pour un raffinement du jeu, très rarement à la pédale. Il permet de glisser sur 6 octaves sans interruption (les 6 octaves de la position grave ou aigue). On peut comparer son jeu à celui d’une voix ou d’un instrument à cordes. Le vibrato est contrôlé latéralement de façon similaire à celui du clavier. On lui réserve les lignes lentes et expressives ou encore certains effets spéciaux. Il permet toutes les modulations d’intonations et d’inflexions imaginables.

Le tiroir
Le tiroir, avec la touche d'intensité en blanc (Photo Estelle Lemire)

La touche d'intensité permet une très vaste gamme de nuances allant du pianissimo émergeant du silence à des fortissimos puissants. Elle joue le rôle de l’archet du violoniste ou du souffle du flutiste. Les articulations traditionnelles sont toutes possibles sans exceptions: legato, détaché, staccato, les accents et le percuté. Le legato peut-être très rapide, ± = 160. Le détaché peut se faire aisément jusqu'à ± = 104. Le staccato se limite à ± = 116. On peut également exécuter un trémolo de touche pour des notes répétées rapides a ± = 132. Des notes répétées sur le clavier avec «claquements» sont possibles à ± = 160. Le percuté se note avec un petit cercle vide au-dessus de la note . Les nuances sont en partie déterminées par les timbres et les diffuseurs choisis. Par exemple, un timbre «pur» sera limité aux p, alors que plus il sera «gambé» plus la palette s'élargira vers les f.

La pédale d’intensité remplace la touche d’intensité, habituellement quand on utilise les deux mains au clavier ou pour nous permettre de tourner une page par exemple, elle est cependant beaucoup moins versatile que la touche. On l’utilise dans des passages legato ou des détachés simples. Une deuxième pédale, la pédale de timbres agit comme filtre progressif d’harmoniques, une sorte d’étouffoir qui permet de passer progressivement d’un timbre à l’autre ou d’accéder à une nuance proche du silence (elle remplace l’ancienne «genouillère»).

Les timbres O, C, g, G, N, T, 8 et S représentent des formes d’ondes simples que l’on peut utiliser seules ou combinées. Ils partent du simple sinus O = ondes auquel on ajoute différents harmoniques. C = creux, g = petit gambé (qu’on peut doser de 1 à 5), G = grand gambé, N = nasillard, T = tutti, 8 = octaviant (il ajoute une harmonique d’octave, se combine nécessairement à un autre timbre), S = souffle ou bruit blanc. F pour «feutré» est un filtre qui adoucit certains timbres. Un timbre (ou groupe de timbres) prendra une couleur différente selon le ou les diffuseurs choisis.

Les diffuseurs au nombre de quatre sont : le D1: haut-parleur normal à membrane, sec et puissant; D2 : résonance à ressorts; D3 : «le gong» résonance d’un tam tam; D4 «la palme» : résonance de cordes. Les diffuseurs à résonance sont fragiles et peu utilisés aujourd’hui. On les remplace efficacement par des multiprocesseurs numériques.

Les «aiguilles» ou boutons transpositeurs permettent en conjonction avec le clavier les ¼ de ton (parfois les 13, 16, 18 et 112e de ton) ainsi que l’effet «aiguilles». La micro-tonalité est donc possible aussi bien au clavier qu’au ruban.

Les trilles et trémolos sont très efficaces et très faciles à produire. Les trémolos sont le plus souvent utilisés avec les diffuseurs à résonance pour plus d’homogénéité.

Au ruban, les legatos et les glissandos peuvent être très précisément notés, simplement suggérés ou laissés à discrétion et au goût de l’interprète.

La notation est souvent traditionnelle, parfois graphique, parfois elle fait un alliage des deux. Voir les partitions de Messiæn, Jolivet et Murail à titre d’exemples. La finalisation des indications de jeu, diffuseurs, timbres, etc., se fait en interaction avec l’interprète et peut varier légèrement d’un instrument à l’autre.

Quelques références d'écoute